Quand la réalité dépasse la fiction
Ah, la prospection immobilière ! C’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais lequel réservera une surprise… Chaque porte peut cacher une surprise, et chaque rencontre peut se transformer en une anecdote mémorable. Laissez-moi vous raconter l’une de mes expériences les plus cocasses, qui m’a laissé à la fois perplexe et amusé.
Rencontre du troisième type
C’était un après-midi ensoleillé, parfait pour aller à la rencontre de potentiels vendeurs dans le 9e arrondissement de Paris. Armé de mes cartes postales personnalisées impeccablement présentées, je me dirige vers une porte qui, à première vue, ne semblait pas différente des autres. Je frappe, et là, la porte s’ouvre sur un personnage tout droit sorti d’un film de science-fiction.
Imaginez un crâne rasé, des lunettes roses à écailles à la Jean-Pierre Coffe, une jupe bleue à carreaux par-dessus un pantalon noir bouffant, des boots en cuir noir à mi-mollet, et une chemise vert pomme barrée d’un zipper doublé de boutons disposés en diagonale, arborant fièrement l’inscription « Fuck the System ». Oui, vous avez bien lu. J’étais à la fois fasciné et légèrement décontenancé.
Le Début de la conversation
Essayant de ne pas laisser transparaître ma surprise, je commence mon discours commercial habituel :
« Bonjour, je m’appelle Pierre Peyrard. Je suis à la recherche d’un 2/3 pièces pour l’un de mes clients dans le quartier… Vous connnaissez certainement dans votre entourage, une personne qui cherche à vendre son appartement, ou peut-être vous même avez vous un tel projet immobilier ? »
À peine avais-je terminé ma phrase que mon interlocuteur m’interrompt avec une véhémence inattendue :
« Tu ne peux pas faire ça ! Il faut que tu changes de métier… Tu t’es trompé de métier… Tu fais quelque chose de contraire à la nature… »
La révélation philosophique
Interloqué, je lui demande pourquoi il pense cela. Et là, il me répond avec un sérieux désarmant :
« Tu es comme moi, comme nous tous ici ! Tu es locataire de la terre… »
j’ose alors avec sourire : « Mais qui a rédigé le bail dans ce cas ? »…
Je reste bouche bée, essayant de comprendre la profondeur de cette déclaration et tentant d’observer dans ce match d’improvisation, qui arrivera à déstabiliser le plus l’autre. Avant que je ne puisse formuler une relance, il referme la porte avec un sourire énigmatique : « ça ne te regarde pas… » Un partout la balle au centre.
La réflexion post-rencontre
En descendant les escaliers, je ne peux m’empêcher de sourire conservant à l’esprit la cohérence du fond des propos tenus avec la forme qu’évoquait l’accoutrement du personnage.
Je comprends beaucoup mieux le slogan « Fuck the system », affiché clairement et suis un peu admiratif de l’affirmation de soi face au monde, du « locataire de la terre ». Finalement réflexion faite, je préfère ce genre d’individus qui ont un certain courage apparent pour aller au bout de leurs convictions, plutôt que beaucoup d’autres, dissimulateurs, fourbes, et je pense à la phrase de Malraux :
« La vérité d’un homme, c’est d’abord ce qu’il cache ».
La prospection immobilière est un voyage plein de surprises et de rencontres inattendues. Derrière chaque apparence il y a une vérité profonde qu’il faut tenter de percer. Derrière chaque client, il y a des motivations profondes à vendre (ou acheter) qu’il faut tenter de comprendre, nécessitant la création d’un lien de confiance. Je reste sur un mystère total, mais avec une leçon : Celle du locataire de la terre qui referme sa porte en souriant… défiant « le système » ayant lui aussi quelque part, ses propres limites. Malgré tout.