Allez, je vais vous avouer d’entrée un parti pris :
Je suis fan de Lalo Schifrin.
Peut-être son nom ne vous évoque rien, et pourtant il suffit de vous faire écouter quelques notes de sa musique pour que vous l’identiffiez immédiatement.

Lalo Schifrin, compositeur et maestro de la musique à l’image argentin, a su capturer l’essence du cinéma d’action avec son travail notamment sur le film « Bullitt ». Dans cet article, je vous emmène dans l’univers passionnant de la musique à l’image en l’illustrant par l’exemple de Lalo Schifrin.

L’art de la musique à l’image

Travailler la musique à l’image implique de créer une alchimie entre l’image et la musique. Cela nécessite non seulement des compétences en composition musicale, mais aussi une capacité d’écoute et de collaboration pour mettre son art au service d’un réalisateur, d’un producteur ou d’un commanditaire.

La musique à l’image remplit plusieurs fonctions importantes dans une œuvre audiovisuelle :

  1. Narrative : La musique peut aider à raconter l’histoire, en soulignant les moments clés, en créant des transitions entre les scènes et en renforçant l’atmosphère ou le ton d’une scène.
  2. Émotionnelle : La musique peut aider à susciter et à renforcer les émotions que le réalisateur souhaite que le public ressente à un moment donné.
  3. Structurelle : La musique peut aider à structurer le film, en fournissant une continuité entre les plans et en influençant la perception du temps.
  4. Identitaire : La musique peut laisser une empreinte et rendre une séquence ou un contenu audiovisuel reconnaissable.
  5. Mnémonique : La musique peut servir à se souvenir, elle évoque, elle déclenche potentiellement un processus de mémorisation.

Pour travailler la musique à l’image, le compositeur doit comprendre le langage du cinéma et être capable de traduire les intentions du réalisateur en musique. Cela peut impliquer de travailler étroitement avec le réalisateur et l’équipe de production, de comprendre le scénario et les personnages, et de créer une musique qui s’harmonise avec le rythme, le ton et le style visuel du film.

En outre, la musique à l’image peut être travaillée de différentes manières en fonction du type de projet. Par exemple, la musique pour un documentaire peut nécessiter une approche différente de celle pour une série télévisée, un film d’animation ou une publicité.

Enfin, la musique à l’image est un domaine qui nécessite une formation et une pratique constantes.

Lalo Schifrin, avec son talent multidimensionnel, a excellé dans ce domaine, en composant des musiques qui non seulement complètent l’action à l’écran mais ajoutent également une couche supplémentaire de signification et d’émotion.

Lalo Schifrin et « Bullitt »

Dans « Bullitt », Schifrin a démontré une compréhension profonde de la manière dont la musique peut interagir avec l’image. Il a évité le pléonasme, où la musique répète simplement ce qui se passe à l’écran, et a plutôt opté pour le contrepoint, créant ainsi une dynamique plus riche et plus complexe.

La course-poursuite dans « Bullitt »

La scène de course-poursuite dans « Bullitt » est un exemple parfait de la maîtrise de Schifrin en matière de musique à l’image. La séquence se découpe en trois mouvements : une filature, la course-poursuite elle-même, et l’explosion finale. Schifrin a utilisé le bruit des moteurs de voitures comme une musique à part entière, choisissant de n’illustrer que la phase d’approche avec une basse lancinante qui donne le tempo, tandis que les cordes jouent d’étranges arpèges sur des arrangements somptueux. Lorsque la course-poursuite commence réellement, la musique de Schifrin s’arrête, laissant place au bruit réaliste des moteurs et au suspense de l’action. C’est un choix audacieux qui renforce l’intensité de la scène et montre la confiance de Schifrin dans le pouvoir des images elles-mêmes.

Bullit – Scène de la course poursuite « chase car » – 1968

Analyse de quelques illustrations sonores de la scène

  1. La batterie (à 0:10) : Elle est dépouillée et régulière formant la section rythmique avec la basse, démarrant en même temps que Steve McQueen repère la voiture qui le guette. Les cuivres et les cordes apparaissent progressivement créant un climat de tension…
  2. Le saxophone (à 0:57 puis 2:09) : Il campe le décor, nerveux, dans la voiture des poursuivants. Puis Il revient, réapparaît (à 2:09) en même temps que la Ford Mustang de Mc Queen dans le rétroviseur des poursuivants, ajoutant une touche de groove à la tension.
  3. Le changement de tonalité (à 2:50) : Il survient au moment du virage à droite des deux voitures, filmé du haut de l’immeuble, ce qui ajoute à la tension de la scène.
  4. Les basses de cuivres (à 2:24) : Elles évoquent le moteur de la Mustang qui ronronne, soulignant la tension palpable dans les regards juste avant le lancement de la course-poursuite.

Quel génie ! Imaginez juste le travail de composition au cordeau qu’il y a derrière tout cela. Et ce n’est qu’un extrait d’une carrière énormissime. Jugez en plutôt au nombre de ses contributions significatives à la musique de film et de télévision :

Il a composé plus de cent musiques pour la télévision et le cinéma, dont certaines sont devenues emblématiques. Parmi ses compositions les plus célèbres, on trouve :

  • le thème de la série télévisée « Mission Impossible » (1966) devenue par la suite une série de films à succès.  
  • « Mannix » (1967).
  • « Starsky et Hutch » (1975).

    Dans le domaine du cinéma, Schifrin a travaillé sur de nombreux films, notamment :
  • « Cool Hand Luke » (1967).
  • et bien entendu « Bullitt » (1968). 
  • Il a également collaboré régulièrement avec Clint Eastwood, notamment sur les films :
  • « Joe Kidd » (1972)
  • « Coogan’s Bluff » (1968). 
  • « L’Inspecteur Harry », incarné par Clint Eastwood.
  • « Rush Hour » (1998) avec Jackie Chan.
Mission impossible

Je vous laisse avec « mission impossible » et son compositeur au piano accompagné de l’orchestre… C’est probablement la meilleure illustration sonore lorsqu’il s’agit parfois de faire en sorte que le prix du vendeur corresponde à la capacité d’achat de l’acquéreur lors d’une transaction. Et là, ce n’est pas un film de fiction…

By Pierre Peyrard

Conseiller immobilier équipié de Catherine Jacques à Paris au sein de l'agence Kw Fortis Immo, réseau Keller Williams. Je suis aussi musicien, pianiste, auteur compositeur interprète sous le pseudonyme "Pierre de Frebourg".

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