Fermez les yeux. Nous sommes dans les année soixante.
Calez vous dans un bon fauteuil club au cuir bien tanné, allumez vous un Havane au fumoir, barreau de chaise bien humecté, servez vous un scotch et écoutez « Southern Suite » de Tubby Hayes.
Vous y êtes ?
Vous êtes au paradis quelques instants.
« Southern Suite » est un véritable chef-d’œuvre musical qui illustre parfaitement le génie créatif de Tubby Hayes en tant que compositeur et interprète.
Je vous propose un petit jeu :
Ecoutez attentivement le morceau, et concentrez vous à l’entrée du sax à la minute 1’30 ».
Retenez bien cette phrase d’introduction en mémoire qui dure cinq secondes…
A présent, écoutez Claude Nougaro chanter « les Don Juan » :
Vous l’avez ?
Eh oui. En jazz, on appelle cela une citation. Nougaro cite Tubby Hayes et s’en est inspiré pour composer sa célèbre chanson. La fameuse phrase d’introduction de Tubby Hayes, est devenue le thème des Don Juan … Bien joué Claude !
Evoquons Tubby Hayes à présent :
Il est né à Londres en 1935 et a commencé à jouer de la batterie et du piano dès son plus jeune âge. Il a découvert le saxophone ténor à l’âge de 15 ans et a rapidement développé un talent exceptionnel pour cet instrument. Sa carrière professionnelle a commencé dans des clubs de jazz locaux à Londres, avant de rejoindre le groupe de Ronnie Scott, où il a été remarqué pour ses talents de compositeur et d’arrangeur.
Au fil des années, Tubby Hayes est devenu l’un des musiciens les plus respectés et influents de la scène jazz britannique, éclipsé par la Beatlemania des sixties, mais avec une discographie impressionnante comprenant plus de 60 albums en tant que leader ou sideman.
Son style unique, qui mêlait les influences du bebop, du cool jazz et du hard bop, a été une source d’inspiration pour de nombreux musiciens de sa génération et au-delà. Malheureusement, Tubby Hayes est décédé prématurément à l’âge de 38 ans rongé par la drogue, laissant derrière lui un héritage musical inestimable qui continue d’inspirer les générations futures de musiciens de jazz.
Sans renier l’immense talent de Nougaro, il n’en reste pas moins que n’est pas Tubby Hayes qui veut : Tubby or not Tubby, that is the question !