J’ai déjà entendu ça quelque part… C’est sans doute une réflexion que vous vous êtes déjà faite dans votre vie en écoutant une chanson, une musique… et si j’osais faire une comparaison dans l’univers professionnel lorsqu’on est agent commercial, ou conseiller immobilier, ce sont les objections des prospects qu’on reconnaît, voire qu’on observe arriver de loin avec un peu d’expérience…
J’ai déjà entendu ça quelque part. Et c’est plutôt bon signe. Cela veut tout simplement dire que vous avez développé au delà d’une faculté d’écoute, la capacité à mémoriser une mélodie, les harmonies qui l’accompagnent… ou la « petite musique » des objections qui appellent chez vous un réflexe, un traitement mémorisé, pour pouvoir le servir du tac au tac comme un automatisme à force de pratiquer. Pour se souvenir, il faut d’abord écouter. Pour bien jouer, il faut pratiquer s’entraîner, que l’on soit agent immobilier ou musicien.
J’ai déjà entendu ça quelque part. Voici un cas pratique récent que j’ai retrouvé dans la musique :
J’aime beaucoup John Hiatt, avec sa voix rauque qui déraille parfois dans les aigus, servie probablement par des torrents de scotch distillés au fil des années. Sa désinvolture, sa distance face à la vie, son blues qui vous atteint immédiatement dès les premières notes. Je suis devenu addict d’une de ses chansons que j’écoute en boucle.
« I’m a poor imitation of God ».
Si vous ne le connaissez pas, la carrière de John Hiatt est marquée par sa versatilité musicale. Il a enregistré dans différents styles, du rock au folk en passant par le blues. Parmi ses albums les plus célèbres, on trouve « Bring the Family » (1987) et « Slow Turning » (1988), qui ont contribué à établir sa réputation dans l’industrie musicale.
Mais ce qui a retenu mon attention plus précisément dans cette chanson où il évoque l’imperfection humaine, ce sont ces trois accords scandés du début, qui reviennent et soulignent la phrase éponyme « I’m a poor imitation of God » tout au long de la chanson… J’ai déja entendu ça quelque part…
Traversons l’Atlantique, et ré-écoutons Jacques Dutronc en 1966 avec son sens de l’ironie dans « Et moi, et moi, et moi ». Ecoutez les trois premiers accords répétés du début jusqu’à la fin. Ce sont les mêmes joués par John Hiatt, un ton au dessus. Le même enchainnement, la même structure, il n’y a que le tempo et le rythme qui changent…
Il n’y a pas de plagiat… C’est juste une question d’inspiration, de hasard, de circonstances qui ont joué à deux époques différentes, à un moment donné chez l’un comme chez l’autre …
Mais en l’occurrence, écouter, développer sa mémoire auditive, et retrouver cet enchainement d’accords permet de comprendre les émotions, le discours, les motivations des auteurs, qui sont à peu de choses près les mêmes :
Car l’insignifiant petit du sort humain mis en lumière par l’un rappelle que nous sommes tous de mauvaises copies de Dieu évoquées par l’autre…