Nul n’est besoin de déclarer une nouvelle guerre en cette période troublée. Bien au contraire, cherchons partout le moindre prétexte à l’apaisement, la détente, la courtoisie élémentaire d’une urbanité surannée. Le Covid est passé par là. Avez vous remarqué comme les usages sociaux ont changé ?
– « On ne se parle plus dans la rue », me fait remarquer Monsieur « L » septuagénaire résident de la rue de l’Armistice à Nogent sur Marne, rencontré en chemin alors qu’il promenait son chien.
Lorsque je prospecte en arpentant les rues de Nogent sur Marne, je sonne aux portes, je me présente, j’échange quelques mots… parfois une conversation s’engage alors que j’y découvre la possibilité d’un futur projet de vente d’appartement ou de maison. La plupart du temps, les gens sont bienveillants, agréables, voire parfois chaleureux même. On devine le besoin de parler dans notre société au smartphone briseur de sociabilité. Quelquefois aussi, les gens ferment précipitamment leur porte, ou feignent une absence trahie par quelques bruits discrets derrière la porte m’arrachant un sourire… C’est la règle du jeu : Il faut frapper vingt portes pour éventuellement y trouver un projet derrière la vingt et unième…
La rue de l’Armistice à Nogent sur Marne est une sorte d’invitation au mérite, si on la parcourt de bas en haut. Il faut la remonter pas à pas jusqu’au cinéma « Royal Palace« , le saint graal du royaume des images. Sa Majesté architecturale, tel un paquebot définitivement amarré à la Grande rue Charles de Gaulle, nous rapproche du repos de fin de semaine mérité.
Mais revenons à ce cher Monsieur « L ». Nous engageons la conversation, qui, de souvenirs de carrière à la Banque de France à Bordeaux en anecdotes de quartier, nous emmène sur les chemins improbables du Médoc, du Haut Médoc, du St Emilion et du Pomerol.
Ahhh mais oui ! En voilà un beau sujet de conversation !
Les sourires s’esquissent, les papilles gustatives en éveil, chacun y va de ses souvenirs de dégustation. Monsieur « L » revendique un goût prononcé pour le Médoc et haut Médoc, alors que je me remémore un bijou de Pomerol : Ce Château Clinet 1995 sauvé par le maître de chais d’un achat de la totalité de la récolte mise en bouteilles par de riches japonais amateurs de nos meilleurs vins.
– » Ah non ! Ils n’ont pas eu toutes les bouteilles ! » lui dis-je !.
Ils ne l’ont jamais su. Et puis aujourd’hui il y a prescription.
– » De toutes façons une affaire comme celle-ci, aurait été un casus belli ! On a frôlé l’incident diplomatique avec le Japon ! ». Au moins.
Sourire de mon interlocuteur. Le contact est noué, la carte de visite échangée, l’écoute d’éventuels projets de vente évoquée… Sait-on jamais.
Promis, juré ! Nous irons boire un canon ensemble à la santé du Japon lors de mon prochain passage dans le quartier.
Et signer l’armistice avec toutes les peurs génératrices de conflits. Après tout, n’est ce pas cela, la principale vertu du commerce ? Qu’en pensez vous ?