Tout commence par un trajet en chemin de fer.
On a tendance à l’oublier, mais à l’époque, seul le chemin de fer depuis 1869 permettait d’accéder à l’Est parisien par « la ligne de Vincennes », qui sur dix sept kilomètres reliait la Bastille à la Varenne Saint-Hilaire.

A l’emplacement même de l’Opéra contemporain, était édifié la gare où les promeneurs du dimanche montaient dans les voitures à marche pied.
C’est le premier film d’un jeune homme à peine âgé de vingt-trois ans : Marcel Carné, « Nogent, l’eldorado du Dimanche ».

Sorti en 1929, ce film nous transporte dans notre chère banlieue parisienne de l’entre-deux-guerres, où les ouvriers se réjouissent de leur journée de congé du dimanche.

Dès l’arrivée à l’ancienne gare, Place Pierre Sémard à Nogent sur Marne, changement de décor :
Carné nous plonge dans l’atmosphère festive et insouciante de la ville, où les habitants se préparent pour une journée de détente qui contraste avec les machines à écrire recouvertes de leur étui : Aujourd’hui c’est le seul jour chômé de la semaine. On reconnaît la descente de la rue Victor Basch, quelques voitures à peine, et la nature sauvage des bords de Marne non encore domestiquée par l’urbanisme contemporain.

On y voit des scènes de danse, de fête foraine, de promenade en barque sur la Marne, ainsi que des scènes de baignade et autres loisirs.

Le réalisateur capte avec justesse l’enthousiasme de ces ouvriers qui profitent de leur unique jour de liberté dans une société où le travail est roi.

Arrivée à l’ancienne Gare de Nogent sur Marne – Place Pierre Sémard. 1929 « Nogent l’Eldorado du dimanche » par Marcel Carné.

Le réalisateur évoque la précarité économique et sociale de ces ouvriers qui ne peuvent s’offrir qu’un dimanche de répit, avant de retourner à la routine de leur travail quotidien.

« Nogent, l’eldorado du Dimanche » est donc bien plus qu’un simple film documentaire sur la vie quotidienne de la banlieue parisienne. Il est le dernier témoin d’une époque où tout paraissait tranquille sur les bords de Marne, avant que n’éclate l’orage de la crise de 29 en octobre…

A travers ce film, Marcel Carné pose les bases de ce qui deviendra plus tard son style de réalisation, mêlant réalisme social et poésie romantique. Il poursuivra dans cette voie avec des chefs-d’œuvre comme « Le jour se lève » ou encore « Les enfants du paradis ».

Marcel Carné est né en 1906 à Paris et a commencé sa carrière de réalisateur dans les années 30. Il a notamment travaillé avec des grands noms de la littérature et du cinéma français, tels que Jacques Prévert, Arletty ou encore Jean Gabin. Malgré une carrière parfois chaotique, marquée par des échecs commerciaux et critiques, Carné a su imposer son style unique et sa vision de la réalité sociale dans le paysage cinématographique français.

« Nogent, l’eldorado du Dimanche » est un film essentiel pour comprendre l’œuvre de Marcel Carné, pour appréhender la société française de l’entre-deux-guerres, mais aussi saisir le Nogent d’autrefois. A la fois réaliste et poétique, ce film est un témoignage poignant de la vie des ouvriers de l’époque, qui ont su trouver un peu de réconfort et d’insouciance dans un monde incertain… Et les promenades du dimanche demeurent, comme un hommage aux parisiens de 1929, réincarnant Marcel Carné.

By Pierre Peyrard

Conseiller immobilier équipié de Catherine Jacques à Paris au sein de l'agence Kw Fortis Immo, réseau Keller Williams. Je suis aussi musicien, pianiste, auteur compositeur interprète sous le pseudonyme "Pierre de Frebourg".

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